Ce dictionnaire dioula-français-anglais-allemand est le fruit d'un long travail de la part de la communauté linguistique et de ceux qui les ont asisstés. Parfois on dit que le dioula (aussi écrit jula ou bien dyula) est un «bambara simplifié» ou encore que le dioula est un «bambara commercial». On dit même que le dioula est relié au bambara de la même façon que l'anglais des États-Unis est lié à l'anglais de l'Angleterre. D'autres vont si loin pour dire qu'on peut considérer que les termes dioula, bambara et malinké désignent en fait la même langue, le mot dioula étant utilisé en Côte d'Ivoire et au Burkina Faso alors que les mots bambara et malinké sont plus en usage au Mali. Certains linguistes considèrent qu'il s'agit de trois langues, certes très proches au plan oral, mais nettement identifiées, appartenant au groupe des langues Mandé.
Pour beaucoup de locuteurs au sud-ouest du Burkina Faso le dioula n'est pas leur langue maternelle, mais ils le parlent couramment dans la vie quotidienne lorsqu'ils côtoient des gens de différents groupes ethniques.
Au Burkina Faso, l’alphabet dioula comporte 28 lettres représentant uniquement un phonème. Dans l’orthographe, les voyelles longues sont représentées par le redoublement de la lettre, par exemple /e/ s’écrit ‹ e › et /eː/, ‹ ee ›. La nasalisation d’une voyelle est représentée à l’aide du ‹ n › après celle-ci, par exemple /ẽ/ s’écrit ‹ en ›.
Les tons ne sont notés que dans les ouvrages lexicographiques. Cependant, pour éviter certaines ambiguïtés, les tons sont obligatoires dans certains cas.
Par exemple :
Le dioula est parlé par plus de 12 millions de personnes, dont plus de 3 millions au Burkina Faso, le reste se répartissant principalement entre la Côte d'Ivoire et le Mali.
Différences entre dioula et bambara
Le / l / en dioula peut être un / d /en bambara
Exemples : dioula : bambara :
« jour » lon don
« étoile » lolo dolo
« concession, maison » lu du
« coucher » la da
« raser » li di
« croire » la da
« savoir, connaître » lɔn dɔn
« bois à chauffer » lɔgɔ dɔgɔ
Pourtant cela n’est pas le cas pour tous les mots :
« enfant » den den
« village » dugu dugu
Le / y / devant / i / dioula peut être prononcé / j / en bambara :
Exemples : dioula : bambara :
« arbre » yiri jiri
« montrer » yira jira
Le / g / bambara peut être prononcé / gw / en dioula lorsque / g / est suivi de / a /, / e / ou / ɛ / :
Exemples : dioula : bambara :
« chasser, faire partir » gwɛn gɛn
« cure-dents tradition. » gwɛsɛ gɛsɛ
« gombo » gwan gan
« foyer » gwa ga
Le / gw / dioula peut être prononcé / j / en bambara :
Exemples : dioula : bambara :
« langue standard » kangwɛ kanjɛ
« blanchir » gwɛya jɛya
Palatale en bambara, absent en dioula :
Exemples : dioula : bambara :
« poule » sisɛ syɛ
« haricot » sɔsɔ syɔ
Parfois le bambara élide le / g / intervocalique
Exemples : dioula : bambara :
« marcher, aller à pied » tagama taama
« saison, temps » wagati waati
Parfois le / g / en dioula est prononcé et écrit / k / en bambara :
Exemples : dioula : bambara :
« mensonge » galon nkalon
« maladie » jangara jankaro
« pour que » jango janko
« mais » nga nka
Parfois le / c / en dioula est prononcé et écrit / k / en bambara :
Exemples : dioula : bambara :
« homme » cɛ kɛ
Différences dans le domaine de particules grammaticales
Tendance à prononcer certaines voyelles plus ouvertes en dioula qu’en bambara :
Exemples : dioula : bambara :
« être en train de » bi bɛ
« ne pas être en train de» ti tɛ
« ne fera pas (fut. nég.) » tina tɛna
Participe passé /-nin / en dioula est /-len / ou /-nen / en bambara :
Exemples : dioula : bambara :
« étant assis » siginin sigilen
« acheté » sannin sannen
Le présentatif / lo / en dioula est prononcé et écrit / dɔn / en bambara :
Exemples : dioula : bambara :
« c’est un poisson » jɛgɛ lo. jɛgɛ dɔn
La particule de focalisation / le / en dioula est prononcé et écrit / de / en bambara :
Exemples : dioula : bambara :
«C’est moi qui l’a appelé» A ye nne le wele. A ye ne de wele.
Le diminutif / -nin / en dioula est prononcé et écrit / -len / ou / -ni /en bambara :
Exemples : dioula : bambara :
« moineau » ferenin ferelen
Différences entre Dioula de Côte d’Ivoire et le dioula du Burkina Faso est minime :
Le prédicatif de l’accompli positif des verbes transitifs est / kà / en dioula de la Côte d’Ivoire alors qu’il est / yé / en dioula du Burkina.
Par exemple :
en Côte d’Ivoire : A ka buru domu. « Il a mangé du pain. »
sera au BF : A ye buru dumuni kɛ. « Il a mangé du pain. »
A l’inverse, l’optatif est marqué par / yé / en dioula de Côte d’Ivoire alors qu’il l’est marqué par / ká / en dioula du Burkina Faso.
Par exemple :
en Côte d’Ivoire : A fɔ ko a ye na. «Dis-lui de venir. »
sera au BF A fɔ ko a ka na. « Dis-lui de venir. »
Emprunts :
Le dioula a beaucoup d’emprunts du français et le français a aussi emprunté du dioula.
Exemples d’emprunts que le français a pris du dioula :
Exemples :
français : dioula :
« soumbala, condiment » sunbala
« néré (arbre) » nɛrɛ
« daba (houe)» daba
« tô (nourriture)» to, too
« dolo, bière » dɔlɔ
« djembé (tam-tam) » jenbe
« dah (oseille) » daa