Introduction

Les locuteurs de la langue lama sont localisés dans le nord du Togo, et aussi une partie du
Bénin et du Ghana. Ils se nomment les Lambas et réfèrent à leur langue comme le lama.
Certains linguistes ont appelé leur langue le losso, mais ce dernier terme renvoie
probablement aux Nawdba, un groupe vivant au sud-est des Lama. Selon l’Ethnologue en
2022, il y a environ 258.000 locuteurs lama en tous les pays.1

La langue lama appartient au groupe gurunsi oriental, un sous-groupe du groupe gur (ou
voltaïque) de la grande famille linguistique Niger-Congo. Le lama a trois dialectes, celui de
Kandé et ses alentours, ainsi que ceux de Défalé et de Kadjalla. Dans ce dictionnaire, les mots
s’écrivent principalement dans le dialecte de Kandé, mais les deux autres sont aussi inclus
comme variantes où possible.

Kandé, située à 465 kilomètres au nord de Lomé, capitale du Togo, est le siège de la
préfecture de la Kéran, dans la partie septentrionale de la région de la Kara. Six cantons sur
neuf de la Kéran parlent lama. Ce sont Kandé, Atalotè, Pessidè, Hélota, Akpontè, et Ossacré.
Selon les vieux, les Lambas sont venus à Kandé via Défalé, un village situé à 15 kilomètres au
sud-est de Kandé, à la recherche de nouvelles terres. Peu à peu, ils ont élargi leur territoire
vers l’ouest à Atalotè jusqu’à Ossacré, à 45 kilomètres à l’ouest de Kandé.

Beaucoup de Lambas pratiquent une agriculture de subsistance (mil, fonio, sorgho, igname,
manioc, arachide) et vivent en groupes familiaux entourés de leurs champs. Certains Lambas
sont artisans (coiffeurs, couturiers, forgerons, mécaniciens, etc.), chauffeurs, ou marchands.
D’autres encore travaillent comme fonctionnaires d’Etat (enseignants, infirmiers, etc.) ou
comme pasteurs et prêtres.

Le linguiste et père blanc, André Prost2 (1903–1987) était le premier à publier une étude sur
la grammaire de cette langue en 1963.3 Un abécédaire a été produit par les catholiques pour
les catéchistes en 1971. Entre 1970 et 1973, le prêtre catholique Mattieu Beraud a traduit
plusieurs portions bibliques, avec des prières et des chants pour la messe. Pendant ce temps
les catholiques reconnaissaient que l’alphabet n’était pas tout à fait complet, car un certain
nombre de symboles manquait. Ce n’est qu’à partir de 1972, avec l’arrivée de M. (Richard)
Neal Brinneman de SIL International que l’alphabet lama a été mis au point. En 2006
l’orthographe a été révisée par l’équipe traduisant l’Ancien Testament de la Bible en lama, ce
qui est utilisée dans ce dictionnaire.

Depuis lors, M. Brinneman et sa femme, Carol (arrivée en 1979), et certaines personnes
ressources natifs du milieu ont produit de nombreux livres de lecture en lama, y compris des
abécédaires et des syllabaires, des contes folkloriques et modernes, des proverbes, et autres.
Avec leur collègue Pasteur ARAKOU Adji, le Nouveau Testament en lama a été achevé et
lancé en mai 1994. La traduction de l’Ancien Testament est en cours de réalisation par une
équipe de trois traducteurs (Pasteur ARAKOU Adji, M. MEDJAMNA Anam, et M.
GNELOSSE Joseph) et sera achevée probablement en 2023 ou 2024.

Malheureusement après tant d’années d’engagement, Neal Brinneman est décédé en mai
2018. Mais sa femme, Carol, qui réside actuellement en 2022 à Waxhaw, Caroline du Nord, a
poursuivi leur travail commun sur ce dictionnaire et autres projets pour promouvoir la langue
lama.
 
 
1 Gary F. Simons, David M. Eberhard, et Charles D. Fennig (eds.). 2019. Ethnologue: Languages of the
World. 25e édition. Dallas, Texas : SIL International. Version en ligne : www.ethnologue.com.
2 Prost était un membre des Missionnaires d’Afrique (Pères Blancs), de la Société d’Africanistes, et membre-
fondateur de la Société des Linguistes de l’Afrique Occidentale.
3 Prost, André. Le lamba (Togo), Documents linguistiques, no. 5, 80 p. BGHV no. 757. 1963.